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Les Lubies de Noryane
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7 avril 2010

La Maison Rajani par Alon Hilu

Cela fait deux bonnes semaines que j'ai terminé ce livre;  je ne voulais pas écrire de post à chaud pour éviter de me laisser emporter par un premier abord; j'ai préféré laisser décanter cette lecture, bien que cela ne me ressemble pas trop.

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L'histoire : Isaac Luminsky, jeune ingénieur agronome vogue avec sa jeune épouse vers la Terre promise où il compte acquérir des terres et les mettre en valeur. Il confie à un journal intime les péripéties de son voyage, ses nombreux déboires conjugaux avec une femme qui se refuse à lui sans cesse et lui mène une vie à l'opposé de ce qu'il avait espéré.
Son arrivée sur place n'est guère plus réjouissante puisqu'il n'arrive pas à trouver les terres qu'il convoite, et sa relation avec sa femme ne s'arrange pas. Il déplore qui plus est de nombreuses coutumes locales et n'apprécie pas franchement son nouveau pays. Jusqu'au jour où il découvre le domaine Rajani.

Salah est un jeune garçon solitaire, enfermé dans son domaine par l'amour trop protecteur d'une mère et de sa servante, et effrayé par un père violent mais absent la plupart du temps. Lui aussi confie à son journal ses espoirs, ses rêves mais surtout son désespoir, son envie de mourir, ses plus terribles cauchemards.

Le jour où il croise Isaac il croit voir son ange-gardien; sa mère a tôt fait de créer une rencontre et c'est enfin l'occasion pour le jeune homme de s'épanouir. Jusqu'au moment où il découvre que cet ange entretient une liaison avec sa mère adorée et qu'il convoite les terres de son père qu'il administre déjà tel un propriétaire. C'est le début d'une guerre larvée entre le Salah et Isaak qui va conduire à un tragique dénouement.

Verdict : il faut de suite préciser que l'auteur donne un avertissement au lecteur: son récit est une oeuvre de fiction qui ne doit pas être vue d'un point de vue politique bien que les évènements qui y sont narrés pourraient y faire penser.
Ce récit polyphonique m'a posé problème. Parce que si l'alternance des deux points de vue est intéressante pour narrer une histoire, on pourrait se demander si Salah et Isaac raconte la même quand on lit leurs points de vue qui sont plus que diamétralement opposés puisqu'on a l'impression de vivre deux scènes différentes. Alors ce concept peut permettre au lecteur de se faire sa propre idée, de tempérer les accès lyriques de Salah avec le récit d'Isaac, au fond de ne pas choisir mais de piocher dans les deux.Cela montre aussi à quel point un même moment de vie peut être ressenti différemment par deux personnes et ne jamais donner la même description.
Seulement moi j'aime bien savoir ce qui est. Donc c'est purement personnel comme remarque mais j'aurais finalement apprécié qu'une troisième voie me permette de connaître la vérité et pas seulement la perception des deux personnages.
Le côté lyrique de Salah est très présent; tellement que lorsque les cauchemards envahissent totalement sa vie, on en vient à se demander si Salah n'est pas un esprit prophétique éloigné du monde réel bien avant l'arrivée d'Isaac; c'est d'ailleurs sur ses visions que peut se baser une conception politique puisqu'il prédit les futurs évènements que nous connaissons. Ce qui est d'ailleurs troublant lorsqu'on essaie de rester dans le côté fiction de l'oeuvre.
Isaac, quant à lui, est un homme mysogine mais l'époque joue sans doute en cela; il cherche des terres et ne comprend pas qu'il ne puisse se les approprier; il dénonce la non mise en valeur par les occupants du domaine Rajani, cherche dès la mort du père de Salah à prendre le contrôle total du domaine, chasse ses paysans avec dans l'idée d'installer d'autres colons juifs sans se soucier de la présence de la mère de Salah, sa maîtresse. Il est difficile de s'attacher à lui et de ne pas lui préférer le jeune Salah qui malgré son esprit troublé tente de défendre comme il le peut le domaine légué par ses ancêtres.

Si je n'ai pas écrit tout de suite, c'est parce que j'ai eu bien du mal à terminer ce livre; ou plutôt à l'entamer. Et cela aurait été pire si je n'avais pas eu 4 heures de train et mis un seul livre dans mon sac (à main s'entend, j'en avais d'autres dans la valise). J'ai eu du mal à regarder le temps passé dans la vie d'Isaac ou celle de Salah. La mort du père déclenche la prise de possession du domaine par Isaac et Salah sombre à nouveau dans ses démons jusqu'au dénouement tragique. Qui au fond ne m'a pas tellement attristé et je me suis même sentie un peu sans coeur. Parce qu'au fond, je crois que j'ai eu du mal à ne pas prendre pour des faits historiques, la véritable invasion que mène Isaac sur cette terre qui ne lui appartient pas malgré tous ses efforts. Peut etre que je m'attendais à une description des faits plus réelles.  J'aurais sans doute plus aimé une vision plus "terrienne" moins poétique, quitte à ce que cela soit plus politique. Mais cela n'était pas le but de l'auteur bien au contraire. Pourtant je reste marquée au final par les visions prophétiques de Salah et par les faits actuels en Palestine.
Ce livre n'est pas donc pas un coup de coeur pour moi, l'histoire est belle mais ne m'a pas touchée.

Je précise que l'auteur a cependant été salué par la critique pour ce second roman.

Je remercie Masse critique et Babelio pour ce livre et m'excuse pour le retard dans  la publication de mon billet mais je crois que j'avais besoin de temps pour "digérer". Il fait partie de ma liste de livres à échanger consultable sur Babelio.

masse_critique

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