Palestine de Hubert Haddad

31 janvier 2010

L'histoire : Cham devrait commencer une permission de trois semaines quand il accepte une dernière patrouille le long de la frontière israelo-palestinienne...D'abors pris comme otage puis sérieusement blessé, il est recueilli par une vielle femme aveugle et sa fille Falastin; il devient alors Nessim, frère disparu de la jeune femme..Le jeune homme passe alors de l'autre côté, du côté palestinien et découvre les souffrances de tout un peuple, les brimades, les humiliations, les horreurs des rafles et les différends entre factions cisjordaniennes...une brusque découverte de l'envers du décor...

Verdict : comme pour toutes mes lectures, j'essaye de ne pas voir de parti pris avant de lire. La terrible situation vécue dans cette partie du monde fait souvent la une de nos journaux. Je suis loin d'être calée en géo politique; je trouve très difficile de comprendre les fondements anciens des conflits et de porter un jugement sur les parties en présence. C'est dans cet état d'esprit que j'ai essayé d'aborder ce livre.

Cham jeune juif, se retrouve otage après une embuscade tendue par un commando indépendant assez désorganisé qui rapidement est dépassé par les évènements. Le jeune se retrouve seul, errant, gravement blessé. Deux femmes prennent alors soin de lui; Asmahane, veuve, aveugle et sa fille, la belle Falastin qui semble irréelle, loin de tout. Il devient alors Nessim, le fils disparu et retrouvé. Il commence alors une nouvelle vie où il semble détaché de tout, sauf de la jeune femme. Il connaît alors les souffrances de ce peuple, les humiliations, les heures d'attentes aux check point, les maisons rasées, les avancées de colons israéliens, les destructions des vergers et des vignes, toute la souffrance d'un peuple. Il apprend aussi à connaître les luttes intérieures qui rongent les Palestiniens, entre ceux qui sont pour le combat, les attentats et ceux qui veulent croire en une solution pacifique du conflit. Le jeune homme se trouve au coeur de ce choix lorsque qu'il perd Falastin, après la destruction de la maison de sa bienfaitrice...

Ce roman très court, se lit comme une nouvelle. Ce livre nous fait voir avec des yeux neufs ceux du nouvel homme que devient Cham, la vie des Palestiniens; il découvre tout, la vie quotidiennes, ses souffrances, ses nécessités, ses luttes, violentes ou pacifiques, les vies de chacun, les blessures anciennes qui ne se referment pas. L'impression que la seule chose qui retienne un peu le jeune homme à la réalité c'est le visage et la voix de Falastin est présente tout au long du roman. C'est elle le fil conducteur, elle qui le guide. Il se cherche totalement et en même temps il est étrangement absent, presque spectateur de s a propre vie. Sa mémoire est loin, on lui a dit d'être Nessim, il est Nessim. C'est sans doute ce qui fait la force du roman, cette absence. L'autre grande présence c'est celle de Falastin qui malgré sa maigreur; j'ai trouvé que son détachement des choses, son irréalité remplissait l'espace. La souffrance d'un père perdu, d'un frère disparu, ne l'empêche pas de lutter à sa manière. Elle attire à elle les regards par son attitude, et guide Nessim dans son nouveau monde.

Je n'ai pas trouvé ce court roman facile à appréhender; mais je me suis laissée entraîner dedans; Cham devient Nessim et ne redevient Cham que par l'ironie du sort; la virginité en quelque sorte de sa mémoire permet au lecteur de découvrir la vie de la Palestine en même temps que lui, sans que son passé ne vienne jeter des idées préconçues ou des a priori. En même temps sur la fin du roman, j'aurais apprécie que la mémoire de Cham revenue, il livre ses impressions, son ressenti, qu'il donne un nouvel éclairage. J'aurais aimé une double vue des mêmes évènements.

Un bon roman qui me prépare à un autre qui va bientôt arriver à la maison grâce à Masse critique de Babelio.

Merci aux éditions LDP pour ce premier livre que je lis dans le cadre du prix des lecteurs 2010.